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Georges ROUSSE sur l’île de la Communauté urbaine de Dunkerque (Exposition Universelle de AICHI)

12 février 2005

par Marika prevosto

L’ambition de l’île de la Communauté urbaine de Dunkerque à l’intérieur du Pavillon de la France à l’Exposition Universelle de Aichi (Japon) est de montrer comment un territoire, une population et des industries se sont adaptés et ont innové ensemble afin d’intégrer concrètement la notion de développement durable dans toutes leurs démarches.

Cette île prendra la forme d’un grand jeu de rôles : le jeu de la concertation. Elle se situe dans un espace de 5m x 5m, à gauche du Forum Interactif et à la sortie du Théâtre Immersif.



La volonté d’inscrire cette installation dans son environnement d’origine était forte : une carte du territoire et des conteneurs viennent rappeler combien le caractère industriel et portuaire de Dunkerque est une donnée fondamentale dans le développement de la ville et des politiques de développement durable mises en oeuvre pour y vivre mieux.

Au départ, un écran général abrité par deux conteneurs fait face aux cinq postes individuels de jeu. L’artiste Georges Rousse s’est emparé de cet espace pour jouer, comme à son habitude, avec les volumes et la lumière. A l’intérieur d’un cercle tracé sur les conteneurs, les murs et le sol, il viendra peindre la carte du territoire de Dunkerque et nous obligera à répondre autrement. Une troisième dimension.


EXTRAITS DES "CARNETS" DE GEORGES ROUSSE

"Plat, une vaste lande. La lumière est belle ce jour-là, la mer et la côte merveilleuses au point d’ignorer au loin la centrale nucléaire...

Nous partons visiter les différents sites industriels et urbains. Les distances sont longues d’un point à un autre nous obligeant à utiliser la voiture.

-  Le plan, le cercle, la couleur

Je choisis d’isoler Dunkerque dans un cercle pour suggérer un effet loupe sur cette région. Je cherche quelques cartes et j’observe que la ville s’organise d’une part autour du port avec ses canaux, ses darses et d’autre part le long de la mer. Mon choix est avant tout graphique. La partie de la carte à reproduire dans l’espace doit suggérer la ville de Dunkerque en ayant une qualité plastique. Le bassin Freycinet évoque une sorte de coupe de l’appareil digestif humain. De la bouche/mer arrivent les matières premières. Distribuées par le port puis les canaux elles vont nourrir la région. J’imagine la logique de ce schéma de développement mis en place autrefois.

-  Une autre abstraction : le lieu de l’exposition

Je connais le Japon où j’ai réalisé et exposé plusieurs fois des oeuvres mais je ne suis jamais allé à Aichi... Je ne connais pas l’espace dans lequel je dois réaliser l’installation. Je dois donc réfléchir au projet sur plan, sans avoir éprouvé "physiquement" le lieu, la lumière, l’espace. Tout devra être réalisé en peu de temps. Tout doit être pensé maintenant.

Je réduis l’espace à l’intersection de deux plans en angle droit contre le cube/container central. Pour la première fois, je réalise des maquettes afin de matérialiser l’espace de l’installation avec l’angoisse qu’il ne pourra y avoir de "repentir" et que je suis sans doute le seul à visualiser concrètement l’installation.

La photo de l’oeuvre sera accrochée à proximité de l’installation pour permettre une meilleure compréhension du public et aider à la recherche du point de vue.

-  Le travail

Il semble que le pavillon soit organisé et occupé par le meilleur de notre technologie. Mon installation, elle, sera réalisée manuellement et restera fortement snesitive. Confrontation physique produite par la peinture, la monumentalité, la perspective, la lumière et la focalisation de ces divers éléments se rassemblant au point de vue.

-  Le cercle

Symbole du quotidien religieux et méditatif japonais. Je donne à voir dans ce cercle la représentation d’une ville que personne ne connaît ou peu. Je souhaite le moins de couleur possible, afin de préserver une forte luminosité comme une énergie issue de la ville elle-même."

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LE JEU

Deux conteneurs accueillent l’écran général de 2 mètres sur 1,5 mètre, auquel se réfèreront les joueurs. A quelques mètres de là sont disposés cinq postes individuels composés de petits écrans tactiles. Un rôle bien spécifique lié à la vie de la Communauté urbaine de Dunkerque est attribué à chacun des postes : un élu, un chef d’entreprise, un membre d’une association, une famille, un salarié.

Les joueurs installés, le jeu commence. Trois thèmes leur sont proposés : partenariat pour le développement local - l’industrie, l’homme et l’environnement - la ville durable. Pour chaque thème, une situation initiale est exposée sur l’écran général.

Exemple : pour le thème "développement local", la situation initiale exposée raconte une implantation dispersée des industries. En fonction du rôle de chacun, comment agir, quelles actions mettre en oeuvre pour aller vers un développement durable ?

Une question - la même pour tous - est posée aux joueurs. En fonction de leur rôle, 3 propositions d’actions leur sont offertes. Une fois les propositions sélectionnées, les conséquences de la proposition choisie sont directement affichées sur l’écran général au moyen de petites animations. Une séquence finale vient alors exposer l’évolution de la situation sur l’ensemble du territoire si tous les joueurs s’étaient tous concertés.

Au travers de ce jeu, la Communauté urbaine de Dunkerque propose aux visiteurs d’entrer très concrètement dans sa réalité, de se confronter à la prise de décisions et d’en mesurer directement les conséquences. Les solutions présentées sont d’ailleurs issues de l’expérience locale. Montrer aussi qu’administrer un territoire, c’est d’abord mettre en relation les différents acteurs afin d’acquérir une vision globale de la situation pour pouvoir agir durablement.


L’ARTISTE GEORGES ROUSSE

Georges Rousse est né en 1947, il vit à Paris. Bien que se qualifiant de photographe, Georges Rousse est un artiste multidisciplinaire, utilisant la photographie à la fois comme médium et support en lui associant la peinture, l’architecture et le graphisme. Georges Rousse construit et déconstruit ou inversement. Ce procédé d’appréhension de l’espace par jeu de volumes et de lumière engendre une transfiguration absolue de la réalité. Le concret n’existe plus. En quête d’espaces qui soient chaque fois pour lui l’occasion d’une expérience et de rencontres, Geroges Rousse a une démarche de nomade. Il n’a de cesse d’arpenter le monde. Calcutta, Tokyo, Lyon, San Diego, Barcelone, Paris, New York, Tulle, Cologne, Bratislava, etc. Il sera à Nagoya en mars 2005, intervenant insitu sur l’île de Dunkerque.


LA REALISATION DU DISPOSITIF INTERACTIF

Le dispositif interactif s’intégrant dans l’oeuvre de Georges Rousse a été conçu et réalisé par Sur le toit, un collectif de graphistes, développeurs, concepteurs multimédia, intervenant régulièrement sur des productions numériques interactives et/ou audiovisuelles. C’est aussi Sur le toit qui a piloté l’ensemble du projet.


PRESENTATION DE LA COMMUNAUTE URBAINE DE DUNKERQUE

Situé dans le nord de la France et sur le détroit le plus fréquenté du monde, Dunkerque est une plateforme industrielle et portuaire de premier rang.

En s’engageant depuis plus de dix ans dans la voie du développement durable, la Communauté urbaine de Dunkerque a fait le pari de la compétitivité économique, du progrès social pour tous et de la protection de l’environnement. Elle fut par exemple la première à se doter d’un réseau de surveillance de la qualité de l’air (1976), à mettre en place le tri sélectif à la source à grande échelle (1989), à créer un secrétariat pour la prévention des pollutions industrielles (1990), à initier un schéma d’environnement industriel incluant les contraintes environnementales négociées avec les entreprises (1993), à accueillir la plus puissante centrale éolienne (1996), à obtenir la double certification pour le centre de tri des déchets (2002)... Dans le même temps, beaucoup d’autres actions ont été conduites concernant la protection des espaces naturels (dès 1968), la concertation avec la population (1975), la régénération urbaine (1977), l’habitat social à haute qualité environnementale (1988)... Pour toutes ces initiatives, la Communauté urbaine a reçu le Premier Prix Européeen des Villes durables en 1996.

La notion de développement durable s’applique progressivement à l’ensemble des politiques publiques (santé, transport, éducation, culture, eau, énergie, déchets urbains, développement économique, urbanisme...).

Le Dunkerquois confirme sa vocation d’innovation en devenant un site d’expérimentation des énergies du futur, des nouvelles formes de partenariat public-privé dans le domaine de l’urbanisme et de l’écologie industrielle. Ainsi, la collectivité trouve des partenaires économiques dynamiques et volontaires à la mesure de son engagement. Arcelor Dunkerque est aujourd’hui la référence mondiale pour la maîtrise des consommations d’eau dans les entreprises sidérurgiques et a créé en première mondiale un dispositif poussé de surveillance environnementale ; la centrale d’électricité à cycle combiné DK6 réalisée par le Gaz de France est la plus grosse d’Europe (dans sa catégorie) - elle recycle les gaz sidérurgiques d’Arcelor Dunkerque. Veolia Environnement développe le réseau de chaleur urbain en recyclant la chaleur issue d’Arcelor Dunkerque selon un procédé unique en Europe. Lyonnaise des Eaux France a développé un site exceptionnel de réalimentation de la nappe souterraine et a mis en place un partenariat avec les agriculteurs pour la préservation des champs captants. Et, d’une manière générale, l’environnement est pris en compte dans l’implantation des entreprises.

Quelques chiffres-clefs :

-  La Communauté urbaine de Dunkerque compte 210.000 habitants dont 33% ont moins de vingt ans ;
-  Dunkerque est au coeur d’un bassin de population de 100 millions d’habitants appartenant à 6 nationalités différentes (dans un rayon de 300 km) ; Troisième port de France, Dunkerque entretient des relations maritimes avec 110 pays. L’activité portuaire a atteint 51 millions de tonnes en 2004 ;
-  Dans le domaine de l’économie, elle compte 300 implantations industrielles, 2,7 milliards d’euros d’investissements et 8.500 emplois directs créés en moins de 20 ans. Au total, 900 entreprises industrielles sur le territoire occupent 29.000 personnes.


Toutes photographies Copyright

Marika prevosto